L’acte héroïque de trois pompiers du Cs Lougnon….
Le trois pièces de la rue Autefage est noir du sol au plafond. La faute à un matelas qui s’est lentement consumé mercredi matin, vers 8 heures (notre édition de jeudi). Ce matin-là, après 24 heures de garde, le sergent-chef Olivier Pudepiece, 39 ans, buvait un café et fumait une cigarette dans la cour du centre de secours de Lougnon avant de rentrer chez lui. Le sergent Moïse Pujol, 34 ans, testait son physique sur un appareil de cardio. Le sergent Sylvain Delmouly, 35 ans, s’apprêtait, lui, à monter dans sa voiture.
«Une femme de ménage a passé la tête dans le foyer et a crié : y a le feu», commence Olivier Pudepiece. J’ai pensé à une poubelle, peut-être une voiture…» Le pompier suit le témoin. «La fumée sortait des fenêtres du rez-de-chaussée, j’ai compris.» Rejoint par ses deux collègues, le pompier en tenue légère tape à l’entrée. «La femme de ménage parlait d’un homme seul. Il ne répondait pas. Je crois qu’il dormait !»
Le pompier Delmouly s’attaque à la porte, aidé par Pujol, en débardeur et short. La porte cède. La fumée est partout. «Je suis rentré. On ne voyait rien. J’ai entendu Olivier me dire : Attends ! Et je l’ai vu passer avec son portable !», raconte le sergent Pujol. Une lampe minuscule dans la pénombre totale. À tâtons, le pompier progresse. «Je ne voyais rien. La fumée était épaisse, acre. Je ne savais pas où aller. J’appelais». Dans sa chambre, le locataire répond enfin. Sa voix guide le secouriste. Derrière Moïse Pujol échange avec Delmouly pour éviter de se perdre dans le labyrinthe du trois pièces. Un réflexe professionnel qui a permis aux pompiers d’éviter le pire. «On détaille mais tout s’est passé en 2 ou 3 minutes. La fumée, la chaleur, sans équipement ça devient vite impossible. Je ne voulais pas sortir sans le monsieur mais c’était limite», confie Olivier Pudepiece.
Il rejoint enfin la chambre dans une chaleur incroyable. L’octogénaire trouvé, le pompier repart, guidé par ses collègues. «Le Monsieur ne comprenait rien. Il ne voulait pas sortir. Je n’arrivais pas à le tirer. Il s’accrochait, voulait fermer la porte. Je pensais qu’il était brûlé. En fait, il était couvert de suie.»
Noir, de la tête au pied, dents comprises ! «Mais en forme. Il a été transporté à l’hôpital mais il avait inhalé peu de fumée», assurent les sauveteurs. Le retraité a quitté les urgences quelques heures après «l’incident». Les trois pompiers ont repris leurs missions. Repos pour Olivier Pudepiece et Sylvain Delmouly, garde pour Moïse Pujol. Satisfaits. Pas glorieux. «Des sauvetages les pompiers en réalisent tous les jours souvent dans l’anonymat, rappelle Moïse Pujol. C’est notre métier, notre fierté. Mais sans l’envie de nous montrer !»
Demande de félicitations
Au centre de secours de Lougnon, ni tambour, ni trompette. Le commandant Hurteau, va faire une demande de «félicitations» pour ses sapeurs. «Ils le méritent. Ce qu’ils ont accompli est remarquable, juge le patron de la caserne. La victime s’en sort grâce à eux. Ils ont réagi très vite et parfaitement. Et pour être arrivé sur place 5 minutes après, je confirme que ce n’était pas simple.»