L’affaire remonte au 8 avril dernier quand une jeune femme sapeur-pompier à Montigny-lès-Cormeilles franchit le seuil du commissariat d’Herblay.
Avec ses trois collègues féminines du centre de secours, elle soupçonne l’adjoint au chef de centre, en poste à Montigny depuis deux ans environ, de les placer dans le champ de sa caméra. Une caméra miniature qu’elles ont aperçue un jour dans la caserne.
L’officier, père de famille de 45 ans, ne fuit pas ses responsabilités. Au cours de sa garde à vue, le lendemain, il reconnaît les faits, indiquant au passage avoir changé de place sa caméra à plusieurs reprises. Il l’avait apparemment retirée du vestiaire des filles juste avant que la victime n’engage sa démarche. Elle aurait été retrouvée à son domicile.
Les enquêteurs d’Herblay ont par ailleurs découvert sur un ordinateur des images provenant de son dispositif. Mais aussi des fichiers à caractères pédo-pornographiques qui feront l’objet d’une autre procédure.
A l’issue de ses deux jours de garde à vue, l’officier des pompiers a été mis en examen dans le cadre de l’information judiciaire ouverte par le parquet de Pontoise pour captation d’images et atteinte à la vie privée. Une procédure qui risque de le conduire d’ici quelques mois devant le tribunal correctionnel. Il a également été placé sous contrôle judiciaire.
En attendant cette éventuelle audience, la première sanction est déjà tombée, sur le plan administratif. « Il est suspendu de ses fonctions pour quatre mois, indiquait hier soir, le colonel Jean-Yves Delannoy, patron des pompiers du Val-d’Oise. C’est une mesure conservatoire pour les fonctionnaires. Son salaire est maintenu mais pas ses primes, et il va être présenté devant un conseil de discipline, probablement au mois de juillet. Nous considérons qu’il s’agit d’une faute grave. Nous allons demander une sanction du troisième groupe. Cela peut être une suspension allant jusqu’à deux ans, une rétrogradation. »
Le colonel Delannoy précise aussi avoir reçu son officier lundi matin avec son avocat. Il décrit un homme abattu. « Il a reconnu les faits. Sans les expliquer. Il n’a pratiquement pas dit un mot », rapporte-t-il. Le patron des pompiers évoque aussi « une surprise générale pour tout le monde ». « Il a effectué une carrière complète. Il est plutôt un bon élément au plan opérationnel. Il avait la confiance de ses chefs, notamment de son chef de centre. C’est quelqu’un qui par ailleurs, ne relevait pas du service social » précise-t-il, soulignant que « les faits se limitent à de la captation d’images. » « Aucune jeune femme n’a subi de violence et aucune image n’a été diffusée », indique le colonel Delannoy.