Santé : les blouses blanches en colère…
De nombreux médecins sont en grève aujourd’hui et appellent à manifester mercredi. Ils estiment que leurs actes ne sont pas assez payés…
Jour de colère aujourd’hui chez les médecins. Pour la première fois depuis douze ans, beaucoup vont fermer leur cabinet et les blocs opératoires resteront souvent dans l’obscurité. Selon les multiples initiateurs — pas moins de 25 syndicats et organisations — cette grève devrait mobiliser 65% des libéraux, qui souhaitent que leurs actes soient mieux payés.
Des opérations déjà programmées seront annulées mais les urgences, évidemment, seront prises en charge à l’hôpital. Le point d’orgue est attendu mercredi avec une manifestation nationale à Paris. La ministre de la Santé, Marisol Touraine, est également confrontée aujourd’hui à la colère des internes des hôpitaux, également en grève, qui craignent pour leur liberté d’installation et leurs futurs revenus.
L’impossible hausse des tarifs. La plupart des grévistes aujourd’hui réclament une hausse des tarifs, remboursés par la Sécurité sociale. Ils contestent l’accord du 29 octobre limitant les dépassements d’honoraires à 150% du tarif Sécu. Et ils ne veulent pas d’obstacle à leur liberté d’installation. « Les jeunes ne veulent plus s’installer comme médecins libéraux, ça n’est pas en leur tapant dessus qu’on va régler les problèmes de déserts médicaux », s’agace Philippe Cuq, coprésident du syndicat le Bloc et président du Syndicat des chirurgiens de France. Des demandes parfois difficiles à entendre s’agissant de professionnels parmi les mieux rémunérés de France.
Un problème de fond. Derrière ce mouvement se profile cependant la question de l’avenir de la médecine. « En 1980, 75% des étudiants diplômés s’installaient en libéral, là où se fait 60% de la chirurgie; ils ne sont plus que 9%. C’est bien qu’il y a un problème! », lâche Jérôme Marty, fondateur il y a deux semaines de l’Union de la médecine libre qui compte déjà 18000 fans sur Facebook.
Des tarifs souvent bloqués. Depuis 1980 a été créé le secteur 2 à honoraires libres. Une création dictée par l’incapacité de l’assurance maladie à maintenir le niveau de rémunération des médecins, en raison du blocage de certains actes. Certains en ont abusé, mais beaucoup s’en sont servis pour compenser le blocage des tarifs de remboursement, la hausse des charges. Ils sont aujourd’hui accusés de faire payer trop cher leurs consultations, ce dont ils se défendent « En Europe, le prix moyen d’une consultation c’est 50 €, et le revenu de nos confrères anglais et allemands est bien plus important », insiste Jean-Paul Hamon, président de la Fédération des médecins de France qui soutient la grève.
L’accord sur les dépassements d’honoraires, véritable détonateur. Le traitement un peu expéditif du dossier des dépassements d’honoraires excessifs, et le sentiment de l’ensemble des médecins du secteur 2 d’être mis à l’index, alors que beaucoup facturent avec « tact et mesure », a fini de mettre le feu aux poudres. Quel remède va donc trouver la ministre de la Santé pour faire baisser la fièvre? Pour l’heure, elle n’envisage pas de faire marche arrière en tout cas, mettant en avant le fait que leurs revendications ne peuvent pas être entendues dans la période actuelle, même si elle laisse « [sa] porte ouverte ».
Video : http://www.20minutes.fr/societe/1040300-greve-chirurgiens-internes-descendent-rue?id=243582