Gênes: Accident dans le port, sept morts et deux disparus…
Sept morts et un miracle. Un an après le naufrage du Concordia, un nouveau drame maritime est venu endeuiller l’Italie mardi soir, faisant au moins 7 morts et plusieurs blessés dans le port de Gênes. Pour une raison encore inconnue, un cargo a violemment heurté et partiellement détruit la tour de contrôle de la capitainerie du port, dans laquelle une quinzaine de personnes ont été prises au piège. Le commandant a été placé sous enquête pour homicide par imprudence, ont annoncé dans l’après-midi les médias italiens.
7 morts, 4 blessés, un disparu… et un survivant
Peu avant midi, le bilan provisoire, d’abord établi à trois morts, est monté à sept morts, quatre blessés et deux disparus. «Nous avons retrouvé quatre corps dans la structure principale de la tour de contrôle, celle qui abrite les bureaux, et qui est tombée dans l’eau», a précisé l’ingénieur Amalia Tedeschi du service des pompiers. Les trois autres corps ont été retrouvés dans l’ascenseur, tombé lui aussi en mer, selon les secouristes. Parmi les victimes figurent deux hommes de la Capitainerie du port, dont un garde-côte de 30 ans, Daniele Fratantonio, et un pilote.
Selon il Secolo XIX, le grand journal local, un homme de 50 ans qui travaillait au standard téléphonique de la capitainerie a été retrouvé vivant ce mercredi. Il se trouverait dans un état grave et a été immédiatement transféré à l’hôpital, selon la même source.
Les recherches se poursuivent
Les pompiers ont déployé des équipes de plongeurs, et des spécialistes avec des chiens pour les opérations de secours. Toutes les forces locales participent à l’intervention, aussi bien les carabiniers que les gardes-côtes et une entreprise privée portuaire… Une quinzaine de personnes se trouvaient dans la tour quand celle-ci a été violemment heurtée par le navire.
Un appel téléphonique est parti depuis un téléphone portable sous les décombres de la tour dans le courant de la nuit mais l’appel a été interrompu trop rapidement pour que l’appareil puisse être localisé avec précision. Plusieurs heures après l’accident, une grue déplaçait les débris de la tour, tandis que le navire avait été déplacé durant la nuit.
Le maire de Gênes, Marco Doria, a proclamé un «deuil citoyen» face à «l’accident très grave survenu au port, qui frappe la ville entière», a rapporté l’agence ANSA. Le chef du gouvernement Enrico Letta a envoyé sur place son ministre des Transports et des Infrastructures Maurizio Lupi pour une réunion de travail avec toutes les autorités locales.
Un choc extrêmement violent
Au moment de sortir du plus grand port industriel et commercial d’Italie, le «Jolly Nero», un porte-conteneurs de la compagnie Messina, a, pour une raison inconnue, effectué une mauvaise manoeuvre et heurté de plein fouet la Palazzina Piloti, d’où sont contrôlés les mouvements des bateaux. «Il a foncé sur la tour, mais à ce stade, nous ne savons pas pourquoi», a expliqué un employé de la Messina, basée à Gênes, propriétaire du bateau. Sous le choc très violent, la tour de contrôle, une haute structure de métal où se trouvent les bureaux des pilotes du port ainsi que les garde-côtes, s’est inclinée de 45 degrés et une partie s’est même affaissée dans l’eau. Les personnes qui s’y trouvaient sont tombées à l’eau. Les plongeurs des pompiers, arrivés très vite sur les lieux, ont rapidement repêché neuf personnes, dont trois étaient mortes.
Une quinzaine de personnes se trouvaient dans la tour quand celle-ci a été violemment heurtée par le navire. «C’est le moment où le plus de personnes se trouvaient là», ont expliqué des garde-côtes au journal local, il Secolo XIX, car au moment du choc, le tour de service changeait dans le personnel de la capitainerie du port.
Le navire sous séquestre, une enquête ouverte
Arrivé sur les lieux, l’armateur du bateau, Stefano Messina, était sous le choc : «Jamais une chose pareille n’était arrivée. Nous sommes désespérés», a-t-il déclaré au bord des larmes. Le président de l’Autorité portuaire, Luigi Merlo, ainsi que le maire, Marco Doria, ont également accouru sur les lieux. «C’est une tragédie terrible. Nous sommes bouleversés, sans voix», a déclaré Luigi Merlo. «Pour le moment, c’est un accident inacceptable, un traumatisme incroyable pour toute la communauté du port. Maintenant nous pensons seulement aux victimes, ensuite nous essaierons de comprendre», a-t-il ajouté.
Selon l’Ansa, le Parquet de Gênes a immédiatement ouvert une enquête. Le substitut du procureur a placé le navire sous séquestre et interrogé le commandant. Selon les premiers témoignages, il semblerait que deux moteurs se soient bloqués, rendant le porte-containeurs incontrôlable. Le navire italien mesure près de 200 mètres de long, 30 mètres de large et pèse plus de 40.500 tonnes.
Cet accident rappelle douloureusement aux Italiens la tragédie du Costa Concordia. Ce paquebot de croisière avait fait naufrage le 13 janvier 2012 après avoir heurté un rocher tout près de l’île toscane du Giglio, faisant 32 morts.