Albi: les pompiers craignent le chômage technique….
Depuis le 1er janvier, le SDIS et le Samu ont mis en place une nouvelle organisation dans les secours à personnes, qui impliquera aussi à terme les ambulances privées. Les critiques fusent déjà dans les rangs des pompiers.
Un pompier désœuvré est un pompier frustré. En ce début d’année, cette frustration est palpable dans les rangs des sapeurs-pompiers, particulièrement à Albi. «On est 16 à la garde et on ne sort plus, ou très peu», confie ce professionnel, sous couvert d’anonymat. Ce mardi-là, les pompiers albigeois n’ont eu que trois accidents (dûs au verglas) à se mettre sous la dent, «alors qu’on a une moyenne de 15 à 20 interventions par jour». Une baisse ponctuelle, en ce mois de janvier où l’activité opérationnelle est plutôt en berne ? C’est ce que pense le colonel Christophe Dulaud. Mais certains pompiers ont une autre explication : «Il y a un souci par rapport aux secours d’urgence. Depuis le 1er janvier, une nouvelle convention s’est mise en place avec le Samu. C’est lui qui gère presque tout. Tous les appels qui arrivent au 18 sont régulés par le médecin du Samu.» Avec trois semaines de recul, certains pompiers constatent le changement : «On continue à faire la voie publique mais on ne fait plus du tout de secours à domicile. Or, le relevage des personnes fait partie de la formation première des pompiers. On intervient à trois, parfois à quatre quand les ambulanciers privés ne sont que deux. Pour moi, si ça continue, c’est la mort du service public.» Marc Vigouroux, de la CGT pompiers, est plus prudent: «On a une baisse d’interventions sur certains secours et ça entraîne des retards. Mais ce sont des accords nationaux, tous les départements sont obligés d’y passer».
Alain Guinamant, le directeur du centre hospitalier d’Albi, se dit «surpris de ces critiques car s’il y a un groupe qui s’est mobilisé pour que cette convention soit signée, c’est bien les pompiers». Certes, le service départemental d’incendie et de secours (SDIS) n’a pas encore paraphé la convention mais ça ne saurait tarder. «On est à peu près calés sur le volet opérationnel mais il reste à s’entendre avec l’hôpital sur le volet financier», confirme Michel Benoît, président du conseil d’administration du SDIS. Ces négociations concernent les missions de nature médicale que le Samu confie aux pompiers.
Un troisième acteur est concerné par cette réorganisation : les ambulanciers privés.
«Depuis l’an dernier, on travaille de façon très étroite avec eux sur les trois hôpitaux publics d’Albi,Castres-Mazamet et Lavaur. L’objectif est de signer cette convention courant 2013 avec les transporteurs sanitaires», indique M. Guinamant.
Michel Benoît a bien eu vent des critiques émises par la base, «mais il faut raison garder». Le président du SDIS 81 «se donne un petit trimestre avant de faire un premier bilan et de voir comment seront requalifiées nos missions. Ce sont des équilibres qu’il faut trouver mais bien sûr, il ne faut pas enlever le pain de la bouche de nos pompiers».
Le 15 et le 18 enfin réunis ?
On croyait le projet enterré mais voilà que l’idée de créer, dans les locaux du SDIS, une plateforme unique d’appels entre le Samu (15) et les sapeurs-pompiers (18) ressurgit. La préfète du Tarn espère obtenir l’aval de la nouvelle directrice de l’Agence régionale de santé (ARS). L’organisation du secours à personnes y gagnerait en cohérence, c’est sûr.