Charente: le coup de sang des pompiers professionnels…
La cérémonie de la Sainte-Barbe a été annulée hier soir. Les pompiers professionnels ont manifesté leur ras-le-bol, s’estimant sous-payés.
«Vous en connaissez beaucoup qui sont prêts à travailler six cents heures par an gratuitement? On devrait avoir droit aux congés, aux heures supplémentaires et au respect», s’énerve Dimitri Madeleine. Le pompier fait face au président du Service départemental d’incendie et de secours (Sdis), Patrick Berthault, et au colonel Stock, le patron des pompiers de la Charente.
Derrière lui se massent les hommes en colère qui se sont engouffrés dans les locaux de L’Isle-d’Espagnac où aurait dû se tenir hier soir la cérémonie de la Sainte-Barbe, la fête annuelle des pompiers. Annulée au dernier moment.
Quand le préfet et le président du conseil général ont appris que les pompiers avaient prévu un mouvement, ils ont annoncé qu’ils ne viendraient pas. La grogne ne date pas d’hier. En jeu, le rythme de travail très particulier des pompiers professionnels. Quand ils ont des astreintes de vingt-quatre heures, ils ne sont payés que dix-sept heures trente. «On travaille quarante-huit heures par semaine payées trente-cinq.»
Un face-à-face tendu
«Il y a une notion d’équivalence du temps de travail, justifie Noël Stock. La nuit, ils dorment.» Sauf quand ils sont appelés en intervention. «On n’est pas chez nous, avec notre famille, à faire ce qu’on veut», répond Jean-Christophe Bussière, le vice-président de la Fédération autonome des pompiers, à l’initiative du mouvement.
Quand on leur dit qu’il n’y a pas d’argent, les pompiers rétorquent: «Il existe des indemnités compensatoires qui ne sont pas obligatoires. Notre hiérarchie les perçoit, alors qu’ils ont des horaires de bureau, et s’est même votée une augmentation. Les six cents heures non payées qu’on fait en plus, ça représente quinze ans sur une carrière complète.»
Hier soir, pendant que le groupe de manifestants faisait éclater des pétards, Patrick Berthault et Noël Stock ont reçu une délégation. Pour dire qu’ils n’avaient rien de plus à proposer que les groupes de travail déjà programmés pour janvier.
Les manifestants ont vu rouge et sont rentrés dans les locaux. Pour un face-à-face tendu.
«On doit s’adapter à une directive européenne. Il en ressort que le temps de présence au travail ne doit pas dépasser 1128 heures par semestre. Ils en font 1104 actuellement», lâche le colonel.
La reprise du dialogue s’annonce difficile.