Grève des urgentistes et des médecins: quelles sont les raisons de la colère ?
Dès ce lundi et pour au moins toute la période des fêtes de fin d’année, urgentistes et médecins libéraux seront en grève. Pénibilité, coût des consultations, tiers-payant: le point sur leurs revendications.
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Ce lundi marque le point de départ d’une dizaine de jours de protestation, au sein du monde médical. Les urgentistes ouvrent la marche et sont ainsi appelés à se mettre en grève ce lundi. Ils seront suivis, dès mardi, et jusqu’au 31 décembre, par les médecins libéraux, généralistes comme spécialistes. Pénibilité du travail, coût des consultations, généralisation du tiers payant: les raisons de la colère sont nombreuses, et de fait, le mouvement s’annonce suivi.
Faisons le point sur les revendications de cette grève, largement soutenue par les Français, selon un sondage publié ce lundi.
– La pénibilité au coeur de la grève des urgentistes…
Les médecins urgentistes, qui dénoncent des conditions de travail pénibles, souhaitent une réduction du temps de travail à 48 heures hebdomadaires, contre une soixantaine actuellement, ainsi que la valorisation de leurs heures supplémentaires au-delà de 39 heures et l’harmonisation des rémunérations pour les gardes.
« La pénibilité est liée aux horaires de travail, donc notre revendication première porte sur une limitation de nos horaires: on nous bassine sur les 35 heures, mais il faudrait déjà appliquer la réglementation européenne qui limite le temps de travail à 48 heures » pour les hospitaliers, explique le porte-parole de l’Association des médecins urgentistes de France (AMUF), qui a lancé l’appel à la grève et table sur 80% de grévistes.
« On a un gros problème de reconnaissance du temps de travail », explique un urgentiste au Centre hospitalier d’Armentières, dans le Nord. « On ne rechigne pas à faire des heures, mais on ne reconnaît pas nos heures de travail: le temps consacré à l’organisation du service, et qui n’est pas passé au soin du malade, n’est souvent pas reconnu dans certains hôpitaux ».
Discuter pénibilité, « c’est discuter travail en horaires alternants, permanence des soins sur place et en astreinte », rappelle, dans un texte commun, une dizaine de syndicats de médecins. Sans oublier les facteurs de pénibilité qui ne figurent pas dans le code du travail, telles que les violences et l’agressivité de certains patients, les conditions d’exercice stressantes ou encore les flux imprévisibles de patients difficiles à réguler.
– La loi Touraine dans le viseur des médecins libéraux…
De leur côté, les médecins libéraux sont invités par leurs principaux syndicats à faire la grève des gardes et à fermer leurs cabinets, à partir de mardi 23 décembre, et ce jusqu’au 31 décembre. Ils dénoncent le projet de loi Santé porté par Marisol Touraine, qui doit être examiné début 2015 au Parlement et conduira, selon eux, à une « étatisation insupportable » de la médecine qui va bénéficier au secteur public.
Certains points du projet de loi Santé sont particulièrement dans le collimateur des médecins, comme la possibilité pour les pharmaciens de vacciner les patients ou la généralisation du tiers payant d’ici 2017, dont les contraintes techniques font craindre des retards de paiement.
L’ensemble des syndicats représentatifs des généralistes demandent par ailleurs à l’unisson une revalorisation de leur consultation à 25 euros, contre 23 actuellement.
– Des cabinets fermés en journée…
« Le mouvement devrait être assez suivi, des cabinets seront fermés en journée », a indiqué Claude Evin, le président de l’Agence régionale de santé (ARS) d’Ile-de-France, dans un entretien publié dimanche sur le site des Echos. « Là où la permanence des soins n’est pas assurée, nous avons demandé des réquisitions aux préfets », comme la loi l’autorise, a-t-il ajouté.
L’ampleur du mouvement social reste tout de même difficile à évaluer, car les médecins libéraux ne sont pas obligés de déposer des préavis de grève. Mercredi, ce sera au tour de la puissante confédération des syndicats médicaux français (CSMF, généralistes et spécialistes) d’entrer dans le mouvement, en appelant à la grève jusqu’au 31.
D’autres syndicats de spécialistes, comme les cardiologues, radiologues ou pédiatres, invitent également à garder porte close jusqu’au 31 décembre.