St Jaques de Compostelle: au moins 78 morts dans le déraillement du train….
Au moins 78 personnes sont mortes quand un train a déraillé mercredi à Saint-Jacques de Compostelle, dans le nord-ouest de l’Espagne, une tragédie parmi les plus graves de l’histoire du pays qui pourrait être due à une vitesse excessive.
Plusieurs témoins ont raconté avoir entendu le bruit sourd d’une explosion. «J’étais chez moi et j’ai entendu comme un coup de tonnerre, très fort, j’ai vu beaucoup de fumée», témoignait Maria Teresa Ramos, une femme de 62 ans qui vit à quelques mètres du lieu de l’accident, assise dans son jardin d’où elle regarde une grue géante se préparant à soulever les wagons désarticulés.
Empilement des trains
«C’était un désastre. Les gens criaient. Tous le monde est parti chercher des couvertures et des serviettes pour aider les blessés. Personne n’avait jamais vu cela ici».
L’accident, l’une des plus graves tragédies ferroviaires de l’histoire de l’Espagne, s’est produit à 20h42 sur un tronçon de voie à grande vitesse, dans un virage très prononcé à environ quatre kilomètres de la gare de Saint-Jacques de Compostelle, la ville de pèlerinage mondialement célèbre.
Plusieurs wagons sont sortis de la voie, s’empilant les uns sur les autres. Sur les 222 personnes à bord du train, 78 ont été tuées, a annoncé dans la nuit le tribunal régional de Galice, précisant que ce bilan était toujours provisoire. 143 personnes ont été blessées.
Quatre wagons étaient renversés sur la voie, dont l’un au moins complètement déchiqueté, empilé sur un autre, de la fumée et des flammes se dégageant du convoi. Un autre a été projeté en l’air, jusque sur un terre-plein au-dessus de la voie. Plusieurs cadavres gisaient sur les voies, recouverts de couvertures.
Chef du gouvernement attendu sur place
Le chef du gouvernement espagnol, Mariano Rajoy, natif de Saint-Jacques de Compostelle, est attendu ce jeudi matin sur place. «Je souhaite exprimer mon affection et ma solidarité avec les victimes du terrible accident train de Saint-Jacques», a-t-il lancé dans un message sur Twitter.
Cette catastrophe ferroviaire est l’une des plus graves jamais survenues en Espagne. En 1944, une collision entre un train qui se rendait lui aussi de Madrid en Galice et une locomotive avait fait des centaines de morts. En 1972, 77 personnes avaient été tuées dans le déraillement d’un train reliant Cadix à Séville, en Andalousie.
La vitesse pointée du doigt par la presse espagnol
Alors que les causes de l’accident n’étaient pas officiellement connues, la presse montrait du doigt une vitesse excessive sur un tronçon, empruntant un virage situé en zone urbaine, limité à 80 kilomètres/heure.
«Grande vitesse mortelle», titrait le journal El Mundo, selon lequel le convoi était engagé à 220 kilomètres/heure dans cette courbe délicate, le virage de A Grandeira. «L’excès de vitesse est une des hypothèses qui prédomine», écrivait le journal. Selon El Pais, le train circulait à 180 km/h en abordant le virage.
Le train venant de Madrid se dirigeait vers El Ferrol, sur la côte atlantique, et circulait à cet endroit sur un tronçon de la voie à grande vitesse galicienne, mise en service en décembre 2011, reliant la ville d’Ourense à Saint-Jacques puis La Corogne.
L’accident s’est produit à la veille de la Saint-Jacques, le saint patron des Galiciens, une fête traditionnelle dans cette région. Toutes les cérémonies prévues à Saint-Jacques ont été annulées.
Témoignages:
«Je suis arrivé une minute plus tard. La première chose que j’ai vue a été le cadavre d’une femme. Cela m’a beaucoup impressionné. Je n’avais jamais vu un cadavre de ma vie», a-t-il ajouté, joint par téléphone. «Mais surtout, ce qui m’a le plus impressionné, c’était un grand silence. Il y avait aussi un peu de fumée et un petit incendie».
«Tout cela était irréel. Il y avait des voisins qui s’approchaient, ils tentaient d’extraire les gens prisonniers des wagons, avec des pics, des masses, et finalement ils ont réussi avec une scie à main».
«J’ai entendu comme un coup de tonnerre. C’était comme s’il y avait eu un tremblement de terre», racontait à l’AFP un témoin âgé de 39 ans, Francisco Otero, qui se trouvait dans la maison de ses parents, le long de la voie.
«Il semble que dans un virage le train ait commencé à se retourner, nous avons fait beaucoup de tonneaux et plusieurs wagons se sont empilés les uns sur les autres», a raconté un passager, cité par la radio.